Nous l'avons rencontré au Bikini lors de la tournée Polygram-Universal. Il est né en Bourgogne. Sa mère a voulu voir le soleil alors elle vient à Carcassonne où il commence à être DJ, par hasard. Le nombre de discothèques étant réduit dans la Cité, il déboule à Toulouse où il écume toutes les boites. Puis il se fixe sur Albi, à "L'Amazone", fait le championnat de France des DJ's, où il perd. Bon ils n'ont pas compris ! Il faut dire qu'il a un style assez différent du DJ star système. Bon, il aurait pu s'arrêter là, mais non ! Il part faire une saison à Argeles, à côté de Perpignan, et là, comme ailleurs sur toute la côte, tout le monde chante "On met le oai", de Massilia Sound System. Eurêka !
DJ Fou : J'ai repris, sur un morceau très speed hardcore, "on met le oai, on met le oai" et tout le monde me disait : "faut que tu en fasses un disque parce que c'est trop fort". Quand je vendais mon disque, les gens croyaient qu'il y avait le "oai" dedans. L'hiver quand je suis revenu à "L'Amazone", mon pote m'a dit : "Ecoute, ce serait vachement bien qu'on fasse "Je mets le oai". J'ai fais des couplets, j'ai repris le simple de Pul Fiction, j'ai tout mixé et cela donne "Je mets le waï" qui est sorti chez Universal.
Tu l'as écrit avec un w...
DJ Fou : Bé oui, je me suis planté !!! J'ai téléphoné à la manageuse des Massilia, Caroline B, je lui ai dit :"Voilà, je suis DJ, j'ai repris une chanson qui s'appelle "Je mets le oai", et je ne sais pas comment l'écrire..." Elle me répond bé moi non plus... (rires). Alors je lui dis : "je vais l'écrire w a ï, parce que ça fait un peu techno, Waï, ça fait waïwaïwaïwaï... Je voulais surtout que se soit phonétique pour qu'on arrive à bien comprendre, et je ne sais toujours pas comment ça s'écrit...
O A I, tout simplement, mais c'est bien la manière dont tu l'as écrit... Au-delà du Oai, est ce que tu t'intéresses au mouvement hip hop, ragga...
DJ Fou : Pas trop. Avant j'étais très hip hop, c'est là que j'ai connu Massilia, IAM, NTM, j'avais monté un petit groupe de rap avec des potes de Toulouse, du Récébédou, qui sont devenus maintenant KDD... Puis je me suis mis dans la techno mais avec quand même l'expérience hip hop. Maintenant le style hip hop me saoule un peu, c'est toujours pareil, puis c'est surtout l'effet un peu zone qu'ils mettent en avant et moi je ne veux pas donner ce truc... Je suis pour le hip hop parce que c'est le seul truc qui nous représente en chanson française mais je ne veux pas qu'on dise tiens les Français ce sont les mecs de la racaille qui habitent dans la cité... Moi je veux, comme Fabulous Trobadors, qui sont hop hop hop, et qui font aussi du hip hop, où comme les Massilia Sound System qui ne parlent pas que de la cité, ils parent du soleil ect... et puis surtout, quand tu arrive dans un concert de Massilia, putain l'ambiance est chaude, c'est pas des gens entrain de te regarder méchamment... c'est cet esprit que je n'aime pas. Donc j'ai raccroché le hip hop et je me suis mis dans la techno. J'ai trouvé mon style et je suis le seul, donc je vais en profiter. A la limite tout le monde fait de la house, french teuch, de la tech, moi je fais du DJ Fou.
Est-ce que tu peux préciser les ingrédients nécessaires pour faire du DJ Fou ?
DJ Fou : C'est de la tchache. Je ne vais pas dire du rap, je ne suis pas rapeur, mais c'est de la tchache que je débite comme ça, avec des textes très simples, faciles à comprendre, je ne suis pas Baudelaire non plus, avec de la musique très rapide mais très gentille, très happy...
Est-ce que tu puises dans les folklores...
DJ Fou : Oui, à fond ! Sur mon prochain album, j'ai repris une chanson marseillaise de 1945, ça fait : "Papa aime maman, maman aime papa...". Ce sont des bonnes s&brkbar;urs de Marseille qui chantaient ça... J'ai samplé aussi la "Danse du Sabre" en version rapide, très techno... Je fais plein de mélange comme ça, mon frère joue de la guitare, très fusion, donc je fais un mélange très fusion, rap, avec de la techno et un petit brin de folie, ça donne DJ Fou. On a des difficultés à faire comprendre aux DJ's, aux médias, qu'est ce que ça peut être, c'est nouveau. Je ne dis pas que j'invente quelque chose, mais je transforme... J'ai pris plein de choses, j'ai fais un album concept, sur quatorze morceaux, il raconte une histoire : "Je parts de chez moi, je prends ma voiture, je vais en discothèque où je me fais refouler parce que le mec à l'entrée me voit avec une tronche bizarre, il ne s'attendait pas à un look pareil..." Dans cet album il y a de la house, des trucs plutôt lents, rapides, il y a un peu de tout, c'est mon style. Je ne veux pas d'étiquette, qu'on dise c'est toujours pareil, DJ Fou c'est hardcore. Non, je ne suis pas hardcore !
Aujourd'hui, dans tout ce mouvement, qui est parti du hip hop, ragga, techno, c'est vrai que c'est difficile d'être original...
DJ Fou : Oui, les gens demandent qu'on soit original, mais dès que tu le leur proposes, ils disent : "hou là là... mais qu'est ce que c'est ?" Bé, c'est original ! Je ne fais pas de politique, je raconte ma vie, je suis DJ tout simplement. Je vais dans les boites, j'essaie de mettre de l'ambiance parce que je pense que les gens qui payent pour entrer dans une discothèque, c'est pour s'évader un peu, alors moi avec mes guignolades, je me grime, je gueule au micro, tout ce que je vis j'ai envie de le partager avec les gens...
En fait tu es un humoriste dans ce milieu qui aurait plutôt tendance à se vouloir peut être trop sérieux...
DJ Fou : Oui, plus les gens sont sérieux, coincés autour de moi, plus moi je me lâche, plus je fais le con. C'est ma force !
J'ai lu sur ta bio que tu avais fais de l'accordéon ?
DJ Fou : C'est vrai. J'ai même été Champion de France. J'ai failli l'amener ce soir, mais il a deux boutons de cassés...
D'avoir fait du bal cela doit t'aider dans tes prestations...
DJ Fou : La différence entre la discothèque et le bal, c'est que dans les bals on fait la fête sans rien faire. Les vieux ils ont une putain d'ambiance... Tu les vois danser la Bourrée aveyronaise, tu pleures de rire, et puis ils ont 50, 60, 80 ans, c'est fort ! Bon, j'ai fait du bal quand j'étais plus jeune... après j'ai raccroché. Ce que j'aime, c'est mettre l'ambiance, ma force est là-dedans. Dans toutes les boites où je suis passé, j'ai essayé de trouver quelque chose de différent pour ne pas faire comme les autres, même si ça choque... Il y a beaucoup de gens qui disent :" ouai, il se met debout sur les platines, il engueule tout le monde ..." C'est vrai, j'insulte les gens qui ne dansent pas, je leur dis de rester chez eux, ils me cassent le moral, donc je ne veux que des gens qui mettent de l'ambiance. Le spectacle ce n'est pas moi qui le fait, c'est eux, on s'échange la balle comme cela...
En fait tu es un musicien populaire...
DJ Fou : Oui, je revendique ma popularité. Je prends des sons underground parce que j'aime ça, mais je ne suis pas sectaire. J'écoute de tout autan du classique que du musette, que du reggae, les Pink Floyd... Je vais dans les "Rave Party", j'adore ce que fait Laurent Garnier... On ne peut pas dire que ce que je fais est underground même si au premier abord on pourrait le croire parce que c'est très rapide... Ce que je veux c'est faire quelque chose de nouveau, et mon truc c'est nouveau. Donc tout doucement mais sûrement, et puis si je ne passe pas par la porte, je passerai par la fenêtre...
Propos recueillis par Jacme
Gaudas
Contact DJ Fou : 06 07 69 83 40