Denez Prigent: Le Barde et la Jungle

 

A l'occasion de la tournée promotionnelle de son dernier album "Me 'Zalc'h Ennon ur Fulenn Aour" où chants, instruments traditionnels, instruments prototypes électroacoustiques et séquences électroniques s'harmonisent sans concession de part et d'autre et se rencontrent dans leurs extrêmes, Denez Prigent s'est prété à un tour d'horizon de la situation de la culture, la langue et l'identité bretonne.

 

Comment se passe l'enseignement du Breton à l'école?

Denez Prigent: Il y a les enseignements dans ce qu' on appelle les écoles bilingues primaires publiques d'état; des écoles bilingues privées, plus catholiques, chrétiennes et les écoles Diwans, privées, elles sont forcées de l'être, qui enseignent entièrement en breton.

 

Y a t il une continuité après le primaire?

D.P.:Oui, les écoles Diwans continuent en collège et au lycée. Pour les autres aussi, mais très souvent ce sont des enseignements avec des horaires pas toujours faciles, ça dépend de la politique des chefs d'établissement. Le breton est inséré dans un emploi du temps correct mais à mon sens un peu trop souvent après dix huit heures ou de treize à quatorze heures, des horaires où il faut que les élèves soient passionnés pour aller à ces cours. Mais les plus efficaces, celles qui mènent le combat pour la langue bretonne c'est les écoles Diwans. Là il y a des résultats positifs et rapides dans la mesure où toutes les matières sont enseignées en breton.

 

Comment c'est perçu auprès du grand public? Y a t il encore un noyau nationaliste?

D.P.:Les choses ont changé à ce niveau là. II y a eu un mouvement assez militant dans les années soixante dix qui s'est éteint dans les années quatre vingt. Maintenant la langue bretonne, auprès du grand public, est entrée dans les consciences et il n' y a plus vraiment de honte comme certains bretons pouvaient avoir à une époque où il était interdi de parler la langue. Moi j'ai pas connu ça mais ma grand mère l'a vécu. Là où il y avait, autrefois, une marque de honte, c'est devenu aujourd'hui marque de culture. On peut le voir à travers les sondages faits par Radio France Bretagne Ouest auprès du public; quatre vingt dix pour cent, des gens sont demandeurs de programme en Breton sur cette radio. Les gens assument leur culture de plus en plus, même si c'est vrai que les efforts, au niveau de l'éducation nationale et à la télévision, comme partout, sont très faibles. Il y a un décalage, qui est très grand, entre cette ignorance que peut avoir encore l'état français central, le mépris, le dédain par rapport à cette langue, cette culture, aujourd'hui très forte dans la conscience populaire. La Bretagne, sur le plan musical, est devenue la deuxième région française où on sort le plus de disques et publie le plus de livres. C'est bien la preuve qu' il y a un public acheteur. Même les hommes politiques, conseillers régionaux etc..., qui à une époque étaient un peu jacobinistes, très centralistes, actuellement , grâce à un électorat qui pense de plus en plus que parler breton, avoir une identité propre, est un plus dans un monde qui tend à s'uniformiser, sont confrontés, contraints pendant leur campagne électorale de parler de la Bretagne, de la culture bretonne. Aujourd'hui, ça devient même un de leurs maîtres mots.

 

Tu fais parti de cette génération qui a appris la langue avec tes grands parents. Tes parents ne le parlaient donc pas?

D.P.:Mon père était instituteur et faisait parti de cette génération qui parlait breton couramment, il n'en avait pas honte mais jugeait, disons anecdotique, le fait de la transmettre à leurs enfants alors que ma grand mère, comme beaucoup de vieux bretons, était tellement imprégnée, enracinée dans cette culture que finalement la propagande qui avait eu lieu à une certaine époque où elle était à l' école n'a pas fonctionné. C' est la génération suivante qui a été touchée. Elle s'exprimait très peu en français, sa façon de penser était très bretonne, et chaque fois que j'allais la voir elle me parlait breton naturellement.

 

La musique a un rôle très important, c'est un vecteur de communication, mais de part le centralisme dont tu parlais tout à l'heure et jusqu' à pas très longtemps, dés qu'on entendait une cornemuse elle était connotée bretonne alors qu'il en existe ailleurs. Et puis tout d'un coup, on a vu arriver cette musique celtique dans tous les grands festivals, bon elle n'a pas attendu que les grands médiats s'en saisissent pour exister, les Festoù-Noz ça fait belle lurette qu'ils sont là. Par contre ce que t'amènes dans ta musique, avec l' apport des nouvelles technologies, les machines, comment c' est perçues par l'ensemble des bretons?

D.P.:En Bretagne, depuis une dizaine d'années on assiste à un phénomène musical assez hors du commun, un petit peu comme dans les années soixante dix, il y en a qui disent que ça va plus loin. Alors que dans les années soixante dix le renouveau était lié à un contexte un peu idéologique, aujourd'hui les jeunes générations, qui sont apolitiques, voient dans la culture bretonne une façon de s'enraciner dans un monde qui tend à s'uniformiser, une façon de retrouver des repères, un ancrage. La musique est notre dernière arme. Depuis les années soixante dix, grâce à Alan Stivel, elle est en perpétuelle évolution. On assiste depuis une dizaine d' années à un renouveau, à pleins d' expériences, pleins de mariages, de fusions, notamment avec des gens comme Erik Marchand , il a travaillé récemment avec un Taraf roumain; Yann Fanch Kemener avec des musiciens de jazz, des Bagad font du jazz, des chanteurs, comme Arnaud Maisonneuve, fusionnent le chant breton avec le bleus. Il y a beaucoup de possibilités qui s'offrent à nous dans la mesure où on a un chant a cappella, un chant avec le silence, et le silence est un terrain vierge pour pleins de rencontres. Le breton est un voyageur, un aventurier, et musicalement ça se ressent très bien. Finalement, contrairement à ce qu'on croit, il y a très peu de musiciens puristes. Si on résonne dans l'absurde, pour moi le terme puriste, en Bretagne, c'est automatiquement des chanteurs dans la mesure où quatre vingt dix neuf virgule neuf pourcent cent de la musique bretonne est basée avant tout sur le chant. Donc déjà, un couple de bombardes, si on résonne dans l'absurde, c' est plus de la musique traditionnelle dans la mesure où c'est le chant qui avant tout définit cette musique. Toutes les musiques instrumentales, toutes les mélodies viennent principalement du chant. Aujourd'hui, il y a très peu de chanteurs qui font de l'a cappella, moi je continue un peu, mais c'est vrai qu' il y a toujours eu cette volonté d' arranger, d'harmoniser ce chant avec des instruments traditionnels bretons, traditionnels celtiques, pour rester dans le cadre de ses racines, soit avec d'autres musiques traditionnelles, roumaines, tziganes, arabes mais aussi avec du rock ou bien sur comme sur ce disque, plus une fusion avec des tendances musicales électroniques nouvelles.

 

Est ce que le mouvement hip hop a touché la Bretagne, y a t il du rap, du ragga breton comme on en voit au Pays Basque ou dans toute l' Occitanie?

D.P.:Du rap en Bretagne il y en a toujours eu. Dans la musique traditionnelle bretonne on a notre rap, la Kan ha Diskan, le chant et contre chant, avec beaucoup de similitudes notamment dans la diction, dans la vitesse rythmique. On s'amuse avec les mots, très souvent le texte n' est plus qu' un prétexte pour passer une énergie, on utilise des roulements de langue à l'intérieur, dans les ritournelles on met des Dribils, on s'amuse comme ça avec la langue, et c' est vrai que ça peut rappeler des techniques qu'on utilise en rap. La Kan ha Diskan, pour expliquer un peu plus, est un chant à danser, plus basée sur l'énergie que sur l' émotion, un chant plus fonctionnel destiné à faire danser le public et qu'on interprète dans le cadre de ce qu'on appelle en Bretagne des fêtes de nuit, des Festoù-Noz. Il est interprété par deux chanteurs qui se relaient sur un rythme régulier, ce qui permet à l'un et à l'autre de reprendre son souffle. Alors là il y a une forme de rap d'avant le rap.

L'autre grand style de chant étant la Gwerz, un chant dramatique, un chant à pleurer, très ancien puisque les plus anciennes Gwerz sont attestées du cinquième siècle .Un chant à l'origine interprété a cappella, qui traite de faits marquant l'actualité comme des épidémies, des guerres, des meurtres, tout ça en vers, dans une poésie absolument extraordinaire, où le thème de la mort est toujours présent.

 

Quand je parlais de ragga, le phénomène ragga, en Occitanie, il a émergé à un certain moment donné pour revendiquer une langue et une culture. En Bretagne vous en aviez peut être mois besoin dans la mesure où être Breton ça existe, c'est une réalité, alors qu'être occitan ça n'existe pas, c'est bien là toute la différence.

D.P.:Oui peut être. C'est vrai que la langue bretonne est parlée encore par plus de quatre cent mille personnes, même si c'est pas énorme... La Bretagne c'est pas une île mais on est un peu à l'écart, on nous a laissé un peu plus tranquille, on est un peu plus entre nous même si au point de vue linguistique ça s'éteint.

 

Où puises tu les thèmes de tes chansons?

D.P.:Très souvent ça vient comme ça. Dans le style Gwerz il y a des faits que je prend dans l'actualité, que je lis dans les journaux ou bien entend lors de mes tournées en extérieur de France. Des choses qui m'ont été racontées, comme ça, qui sont, dans la façon dont elles arrivent, tout à fait gwerztissables. C' est vrai qu'il y a tellement de faits tragiques, il y a plus que ça dans l'actualité, c'est assez facile de trouver l'inspiration. La Gwerz étant par essence un chant tragique, elle reste malheureusement un chant très contemporain.

 

As tu déjà pensé à chanter en français?

D.P.:Le problème qui s'est posé sur ce disque, je suis bilingue, a été le moment de la traduction du Breton au Français. Je trouve qu'il y a une perte énorme, toute la poésie, tout le côté sacré de la langue bretonne a disparu dans la transposition en français. La langue bretonne a su garder ce côté sacré que la langue française a perdu, à mon sens. Moi qui vacille comme ça entre ces deux langues, je me suis rendu compte combien elles étaient éloignées, à tel point qu'il y a deux chants que je n'ai pas traduit. A chaque fois c'est pour moi un casse tête. J'ai l' impression de trahir l' âme du chant, le sel du chant, c' est un petit peu comme si on comparait le sel gris de Guerande avec le sel blanc des mines. Il y a une perte, tout les oligots éléments ne sont plus là.

Dans le dernier album, les essais entre la musique, disons moderne, et le chant breton, c'est un choix délibéré pour le futur ou bien c'est un essais dans le temps à l'heure actuelle?

D.P.:En tout cas c'est pas une démarche intellectuelle. C'est venue assez naturellement en 1992 où j'ai eu l' occasion d'aller dans une rave, aux Transmusicales de Rennes. J'avais chanté deux jours avant dans un espace scénique plutôt rock, avec un groupe rap de Chicago. Un peu poussé par mon épouse, j'avais à l'époque une image un peu négative de la techno, je l'assimilais à tout ce qu'on peu entendre dans les radios commerciales aujourd'hui, un petit peu d'ailleurs comme les purs de la techno pouvaient avoir une image un peu folklorisante de la musique bretonne, j'y suis allé.

Là, j'ai eu comme un choc. En sortant je me suis dit que cette musique, que je croyais vraiment loin de ce que je faisais, n'était pas si éloignée que ça. Inconsciemment j'ai perçu des affinités entre la musique bretonne et ces nouvelles musiques. J'ai laissé l'idée, le projet dans une case dans ma tête jusqu'au jour où j'ai signé avec le label....On a regardé dans cette voie, rencontré plusieurs personnes, plusieurs musiciens à qui on a expliqué la démarche, jusqu'a ce qu'on trouve la personne, Arnaud Rebotini.

Au début il pensait que je voulais quelque chose d'hyper commercial, du chant et des séquences électroniques , tout de suite il a pensé le coté un peu facile de ce qu' on peux entendre aujourd'hui sur les radios; je lui ai fait comprendre le fond de ma démarches et là il m'a fait écouter, sur les sept milles disques qu'il a chez lui, tout ce qui se faisait depuis ces vingt dernières années en musique électronique. Ensuite il a dressé le profil de ce que j'aimais et il c'est avéré que j' étais plus jungle, tripop, que techno, house où musique de club. Finalement on travaillé ensemble à partir du chant, en studio de maquettage, deux autres musiciens sont venus se joindre à nous, notamment un grand sonneur de cornemuses de Bretagne et un claviériste de la scène rock de l'époque Marquis de Sade. 0n a donc travailler à quatre, on a mis un peu le projet sur pied, et au fur et à mesure qu'on avançait, j'avais cette impression ressentie lors de la rave des Transmusicales, qu'on pouvait lier, marier ces deux musiques. Ces affinités sont allées jusqu'à se demander si elles n'étaient pas un peu cousines. Il y avait de telles similitudes, de tels hasards que ça pouvait pas être gratuit.

 

Rythmiques sûrement... Dans le chant il y a des développements rythmiques qu'on retrouve parfois dans certaines rythmiques qui bouclent la jungle et les tripop...

D.P.:Oui, mais ça va encore plus loin. La jungle et la musique bretonne sont toutes les deux très soft, la musique bretonne utilise très peu de notes, elle est assez monocorde, sobre, ce qui ne veut pas dire simple. Je pense que ce qui est le plus difficile à acquérir en matières artistiques c'est la sobriété, c'est valable aussi pour la littérature; et bien la musique bretonne a su garder cette sobriété, elle s'encombre pas d'artifices, ni de colifichets, ni d'effets de voix, de styles, comme ça, un peu faciles, gratuits... Elle va directement à l'essence des choses, et en jungle très souvent c'est ça aussi. On utilise très peu de notes, on va direct à l' efficacité. Dans la jungle il n'y a pas de refrain, dans la musique bretonne non plus. C' est une forme assez "primitives" de la musique, puis par rapport au temps, en Gwerz il y a un récit, il peu durer trois quarts d'heures, des fois une heure et demi. En jungle c'est la même chose, on se souci pas ou très peu du temps, c'est pas comme dans la chanson où il y a une introduction, un développement, une conclusion, où tout est bien carré, dans un cadre bien doré.. Ici c'est un espace plus ouvert. Un peu comme du Jackson Pollok, on lance une grande toile, comme ça par terre, et puis on y va, on fait des récits avec la peinture; là c'est un petit peu pareil, la jungle c'est une forme de récits mais au lieu des mots ce sont des sons, des rythmiques qui arrivent, des sortes de récits sonores... Et c'est vrai que par rapport au côté arythmique de la Gwerz, dans la Dark jungle on trouve des breaks cassés, complètement arrêtés, hors normes par rapport à la conception qu'on peu avoir de la musique aujourd'hui et c'est vrai, il y a ce côté arythmique qui est très fort dans un de ces styles de la jungle. Par rapport aux chants à danser notamment, la plus part des danses bretonnes, si on généralise, fonctionnent entre cent soixante et cent soixante dix BPN, et la jungle travaille aussi entre ces deux vitesses rythmiques. Par rapport aux répétitions, aux boucles, on en trouve beaucoup dans la jungle, c'est une musique très répétitive et la musique bretonne est par essence très répétitive aussi. Toutes les deux sont en fait des musiques de transe. Pour arriver à la transe, il y a des règles et dans ces deux musiques ont trouve ces mêmes règles. C' est pas par hasard qu'en jungle, en tripop, on dit souvent que ça fait un petit peu tribal, un petit peu ethnique. Par l' utilisation des sons, des rythmes, ce côté répétitif, le but étant la transe, il y a des similitudes à faire avec les musiques traditionnelles.

 

Ne trouves tu pas que c'est un peu réducteur que cette étiquette de chanteur breton, moi je te considère comme un chanteur tout simplement, un chanteur qui à fait le choix de s'exprimer dans une autre langue indigène de la nation, le Breton en l'occurrence et là dessus il faut donner un éclairage, ce que tu viens de faire mais je ne suis pas d' accord avec toi sur le fait de ne pas utiliser le mot folklore. En France, ce mot est dévoyé, vidé de son sens initial, signifiant presque toujours une musique de plouc, de deuxième zone, le passé, le musée etc...alors que c'est l' inverse, c'est vivant, actuel. Tu es un fabriqueur de folklore si j'ose dire. J'ose!

D.P.:C'est vrai que pour la musique bretonne... Peut on parler de musique traditionnelle, ou alors le rock, le bleus, le jazz c'est de la musique traditionnelle. La musique bretonne, peu être on l'appelle musique traditionnelle parcequ'elle est très ancienne. Par rapport au mot folklore, c'est vrai qu'en France il est devenue péjoratif, on peu pas le nier, c'est pour ça qu'en Bretagne on l'utilise peu, pour ne pas donner plein d'arguments un peu faciles aux gens qui seraient trop content de voir cette culture mourir. Par contre au Québec où j'ai eu l'occasion d'aller chanter aussi, le terme folklore je l' emploie régulièrement. Là-bas il n'y a pas de second degrés, il n'est pas connoté comme ici.


Ce soir il y a une rencontre avec les Fabulous Trobadors. Je présume que vous vous connaissez?

Oui, je connais Claude Sicre, on s'est rencontré en Bretagne, et ensuite dans le cadre d'une semaine musicale organisée par France Culture dans le metro. On a eu l' occasion comme ça de chanter ensemble. Un occitan et un chanteur breton qui se rencontrent dans le métro parisien, c'est pas mal...

 

Vous vous êtes retrouvés sur des sujets communs?

D.P.:Oui, la démarche est similaire, défense de nos cultures et ouverture sur le monde. C'est vrai qu'aujourd'hui dans un monde où le racisme et l'intolérance ont tendance de plus en plus à resurgir, c'est une façon de réagir, respecter et aimer la culture des autres. Voilà, lui c'est un petit peu la même démarche, pour être universel aujourd'hui il faut être enraciné, ça c'est clair; lui je crois que c'est le discours qu' il tient, c'est du moins ce que j'ai cru comprendre.

Bon lui c'est pas trop la défense des racines. Seuls les arbres s'enracinent, défendre une langue pour la langue seule ça ne sert à rien si on ne prend pas en compte la culture qu'elle véhicule. Cela dit, comment vous vivez la cas Le Pen, un breton, fils d'un marin bretonnant qui lui se veut la champion du nationalisme français?

Il suffit de voir les élections. La Bretagne est la région en France où le front national fait le moins de voix, c'est la plus belle des réponses. Bon c'est un nationaliste français, lui la Bretagne il l'utilise par opportunisme très souvent. Je crois que c'est par la reconnaissance des diverses cultures vivant sur le sol national qu'on pourra contrer et lutter efficacement ses idées maléfiques.

 

Peut tu nous parler des musiciens qui t'accompagne sur ce disque?

D.P.:J'ai souhaité faire appel à des musiciens de tendances, d'univers musicaux complètement différents. Il y a aussi bien des gens de la musique improvisée comme Valentin Clastrier, Kristen Noguès ou de la musique purement traditionnelle comme Jacques Beauchamp qui est un sonneur de bombarde, très trad comme on dit, ou bien des musiciens plus du rock comme Jean Marc Illien qui vient de la scène rennaise; un DJ qui vient du rap comme Cédric Berneau...

 

Tu comptes tourner avec cette formation?

D.P.:Pour l' nstant on a pas commencer à mettre le disque sur scène mais je compte le faire pour l'été, je pense que c' est important, autrement le concept serait détruit, il faut que ça vive sur scène. Il y a aussi des chanteuses Bulgares, je les ai rencontrer au Festival de Musiques Traditionnelles des Açores, on a improvisé comme ça au moins pendant deux heures; une uilleam pipe, cornemuse qui vient plus tôt d' Irlande, sonnée par Loïc Bléjean qui maîtrise parfaitement le répertoire irlandais; un jouer de zarb, Bruno Caillat, percussion iranienne; une cornemuse écossaise jouée par Bruno Le Rouzic, on a là une fusion de plusieurs musiques et de personnalités. En fait le maître mot, sur ce disque, c'est qu'il n'y avait pas vraiment de direction artistique. Chacun apportait sa pierre à l'édifice, un musicien proposait une idée, on la prenait ou pas, mais il y avait au moins ça, c' est important.

 

Au niveau de la télé en langue bretonne, vous avez combien de temps d antenne hebdomadaire?

D.P.:Trois quarts d'heures et trois minutes quarante neuf secondes et cinquante centièmes... C'est de cet ordre là, c'est à dire des miettes.

 

Et la littérature,

D.P.:Ca bouge autant qu'en musique, il y a de plus en plus de maisons d'éditions qui se crées. C'est vrai que c'est difficile, le statut des langues dites " minorisées" n'est toujours pas signé par l'état français, tout comme la Grèce. La France, qui est un peu passée maître pour revendiquer les droits de l'homme à l'extérieur, finalement les applique très peu à l'intérieur de ses frontières et c'est vrai qu'être breton aujourd'hui c' est pas facile, on a toujours l'impression d' appartenir à une culture soit dépassée ou mineure ou méprisée. Je dirai même ignorée.

 

En ce moment en Occitanie il y a toute une campagne, liée à la future modification de la constitution, pour demander la révision de l Article 2 de la contitution, qui empêche la ratification de la Charte européenne. Je sais qu'en Alsace c' est en train de rebondir, qu en est il en Bretagne?

D.P.:Je sais que de plus en plus d'hommes politiques sont en faveur de cette idée, ils ont pris conscience que c'est une richesse d'avoir une région avec une identité forte. Très souvent, qui dit identité forte dit aussi une région économiquement forte, les deux vont très souvent de pair.

 

Vous avez des élus bretonnants?

D.P.:Oui, il y a même une personne, qui a été président du Conseil Régional, je crois qu'il vient d' un parti de droite, il va faire son propre parti, justement en faveur de la langue bretonne. C'est un parti apolitique, pour le breton, la culture, l'identité bretonne. Pour cela il s'est entouré de gens de tous bords, d'acteurs culturels, d'artistes, ça va être sa nouvelle liste et c'est vrai que ça commence à faire grands bruits en Bretagne. C'est quelqu' un de très crédible, une grande parti de la population semble prête à le suivre.

 

Jacme Gaudàs

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