QUELLE VIE, LE QUARTIER !

 

Bien sûr personne n'est venu. J'ai appelé trois fois. Pourtant il y avait le message sur mon répondeur : "En venant demain, apporte ton aspirateur..." Belle naïveté ou pire, une force dans l'inconscience. "Alors Giraud, t'as pris des bonnes résolutions...?!" Cette phrase tournait dans ma tête. Et si l'illusion était une préface à toute l'oeuvre ? Il nous en aura fallu du temps pour nous rendre à certaines évidences. Aurait-elle pris le pouvoir ? Se serait-elle donnée le droits de lacérer une image ? La photo s'étalait pleine page du journal, à la Une, au milieu de cet amas de cendres, de plastique fondu, coulé, le corps se dessinait, dressé à la lumière du flash. Noir, paisible, anonyme. Une úuvre d'art. C'est vrai que c'est chez nous qu'elle téléphonait. A cada còp la serp s'elevada et projetait la maîtresse en elle. Vision subliminale, baroque, tout gravite autour d'un creux. Les amants séparés choisissent de s'aimer mieux en renonçant l'un à l'autre. Leur amour ne sera pas vécu dans l'infamie du renoncement à la gloire qui les requiert. Des putes mais des bonnes. Un fait d'hiver. Le tour de la ville en un clin d'oeil, la rue s'en empare, alimente ses conversations d'usage. Histoires de cul, vengeance à la petite semaine, toujours est-il qu'on ne sait toujours pas qui c'est... et que les langues vont bon train. "Ça peut donner des idées, faire branler les assurances..." Gilbert riait derrière son zinc. Géant, il voyait tout et riait. Bien sûr qu'y sait. Mais vous n'avez pas à savoir et puis vous ne comprendriez pas, sert nous un coup à boire. La France aux Français." Nana riait aussi et puis demain soir au Stadium et le loto des Rois... Quelle vie le quartier.

D'abord, nous n'avons plus d'aspirateur, même que la voisine d'en haut nous a prêté le sien quand on ponçait les planchers.

Jacme Gaudàs

 
 
Texte paru dans VENDREDI NOIR 
Revue de'aRTctualité entchatchée d'écriture
 
VENDREDI NOIR
Langue en résistance, écriture coup de gueule, qui pose ses propres problèmes théoriques (adressez-nous nos textes dans cet esprit).

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