Lo
week-end es acabat. Soleil pour tout le monde. Je ramène de Montpellier
un CD daube intitulé OC. Après la celtitude, voici venir l'occitanitude
vue par le show bizz franchouillard. Pauvre Aimeric de Peguilhan !
Les Bleus ont gagné leur ticket pour les demis, les Blacks sont jouables sur un match. Con-firmation de notre ami Michel Du Cégé. Sembla un ministre... N'Tamack et Garbajosa sont au top, Galtier de Colomiers est bien le demi qu'il manquait à ce pack qui en veut...
Donc Trilok fait recette. Même les Zoulouzains son aqui. La Présidente n'a pas voulu venir, elle rentrait de l'Ariège avec des pommes et une belle citrouille... Haloween leu ! Denis fait la billetterie, lo Président es pas vengut, Gil m'explique que son nom signifie "grande joie". Je remarque une lecture studieuse de la newsletter par les spectateurs de Nougaro, Rieumes est là, Sainte-Croix Volvestre aussi, ce soir nous sommes à une place près, c'est sûr qu'ils en auraient vendu beaucoup plus. "Ça aurait fait au moins deux soirs... Cet après midi, il y en a qui sont venus voir... Ils cherchaient des billets. Cette salle, 400 places, c'est la meilleure de Toulouse, il s'en est passé des choses ici..."
Oc, il y aurait pu avoir marché noir, mais c'est Gurtu, pas pareil ! Bon, comme pour Florence, rendons ses murs à Nougaro ! Fabienne s'est installée à côté de Michel, à la console lumière, les invités sont sur les marches. Patrick F. m'explique que cet après-midi, Trilok a assuré une Master-Class à des élèves de l'école Agostini. Les lumières de la salle s'éteignent, c'est parti. Nicolas Fizzman basse, Jaya Deva, guitare électrique et Ravi Chary, harmonium et fruits secs, installent un fond de blues bien bluesant. Le rythme monte, funk à vue et Trilok déboule avec son rap à la Lubat mais en indien, en tablas de bouche. Si je fais référence à Lubat, je parle du gascon d'avant qu'il ne fasse de la politique... Congas phalangés, Sitar d'accompagnement, basse bien pesée et rurale, vibrato en écho, Jaya est au chant, rythm 'n roots. Gnawa sur la route des Indiens, cela fait très longtemps que je n'ai pas entendu une chose pareille, au moins dix ans à Uzeste.
"I speak one french dégueu-lasse..." Trilok nous présente ses compagnons d'aventure. Jaya Deva est de Vièla, del Nord Piémont italien, Nicolas Fizzman arrive de la planète hip hop, Ravi Chary ven de Goa. Ensemble ils nous proposent la musique qui se joue à Bombay, Capitale musicale où, comme à New York ou à Londres, les influences se font des électrochocs sans que jamais la mémoire n'en soit altérée. Ici pas de lobotomie worldesque pompier comme on en entend trop souvent. Le blues rural, le folklore est la base de départ pour tous les possibles. Comme la dobro aux States, le sitar indien sonne justement faux. "Ça se voit que c'est pas mois qui fait la régie...
Il n'y a pas de serviettes ..." Sacré Patrick ! Le sitar et la basse continuent de se causer et de poser le décor ambiant, Gurtu multipercussioniste est à l'affût, la bouche en train, à toute vapeur il fonce, et toujours the blues aux sonorités Peppers époque Sergent Major and Beatles. Le bonheur en musique.
Dans la salle les mains ne tiennent plus en place. Fizzman funky bombe à la basse sans gants, Gurtu sonne le swing à coup de charley et de cymbales, Deva n'hésite pas le larsen. Terrible, l'Indien devient Indou, gong, cloches, appeaux, la vie s'éveille dans un bric à brac, les sons coulent le métal, tonnerre. S'en suit une performance du Mèstre, grand tablaïste du moment, Trilok domine son sujet, il nous embarque, nous com-postons ce ticket choc jusqu'au bout de la nuit et au petit jour, Jaya branche sa gratte pop made on Buchanan sur la fusion. En contre-chant, Ravi harmoniume un swing rural en diatonique. En fait leur musique est d'une simplicité primaire, basique. Qui c'est ce que les folklores peuvent encore nous réserver ? Gurtu le sait bien, c'est un Trouveur, le jazz n'a qu'à bien se tenir. C'est aussi un Passeur. Et voici que plus de huit cents mains se retrouvent pour faire une polirythmie collective, avec le hip hop, le pop, l'art et tout son tralala comme dit René.
Une heure et quinze minutes sont passées en coup de vent. Pas question d'en rester là, le rappel est obligé et il sera un còp de mai collectif avec le public. "Ka-banos", une ritournelle, un air de folklore tout simple, "Il vous faut chanter avec nous..." Ok, la pédagogie de masse reprend son droit, plus de quatre cents voix se mettent en action, scat rap dérap et on s'en va.
Quand je pense qu'en France on en est encore à avoir honte de son folklore, una vergonha due en grande partie à une grande ignorance. Quand il vient d'ail-leurs, on est estabousit, pourtant les rondos, les bourrées, les mazurkas et autres branles sont des canevas sur lesquels la broderie est possible sinon souhaitable.
Chez Aline, se sera pintade ou morue à la Portugaise en souvenir de la soirée d'hier soir où chez Lesbos...
Jacme Gaudàs
Fotò : Trilok GURTU
© François
Canard